11 avril 2016

... la patiente a été réfractaire pendant l'examen et a refusé de réaliser un ECBU.

Nous sommes en 2005.

Dans le cadre du bilan pré-greffe de la seconde transplantation, le Pr X. demande une cystographie rétrograde. 
Mon service de dialyse me prend alors rendez-vous au sein de la clinique ou j'effectue mes séances.


Avec la confirmation du rendez-vous, il y a une ordonnance pour un ECBU.

Vu que mes reins sont défaillants, je n'urine plus depuis des années. 

Je demande à ma néphrologue ce que je dois faire. Elle me réponds que n'urinant plus je ne peux faire d'ECBU et qu'à la radiologie, ils doivent avoir l'habitude.

Les semaines passent. Arrive le jour de l'examen. 

Je suis tout de même un peu inquiète, je ne me rappelle pas avoir déjà passé cet examen et je me demande comment ça se passe.

Je me présente au secrétariat de la radiologie de cette clinique privée de région parisienne. 
La secrétaire me reçoit, fait le point sur ma situation administrative et me demande le résultat de l'ECBU. 
Je lui explique que je n'ai pas fait cet examen car je n'urine plus. 
Elle me dit que sans ce résultat, il est impossible de faire l'examen. 

Je lui propose alors de téléphoner au centre de dialyse qui lui expliquera que pour un dialysé, il est souvent impossible de réaliser un ECBU.

La secrétaire me dit qu'elle va voir avec le radiologue et me dis d'attendre dans la salle d'attente.

Je patiente. A l'époque, je suis encore une patiente.. patiente ;-) 

Environ 15 minutes après, on m'appelle et on m'invite à entrer dans la salle d'examen.

On me demande de me mettre entièrement nue et de me mettre sur la table de radiologie. 

Me voici sur la table. Entièrement nue. Je tente de cacher ce que je peux avec mes bras et mains. 
L'infirmière me dit qu'on attend le médecin pour commencer l'examen. 
Elle m'explique le déroulement. 
Elle m'explique qu'on va me mettre une sonde et qu'on va m'injecter un produit pour voir comment s'écoule le produit et qu'elle fera des clichés à ce moment là.

Le médecin arrive quelques minutes après. Il me dit qu'il ne comprend pas pourquoi je n'ai pas fait l'ECBU. Que ce n'est pas un examen pour ennuyer les patients mais pour vérifier qu'il n'y a pas de germes. 

Je lui explique mon impossibilité de le faire. 

Il s'emporte. Il me parle de responsabilités, que puisque c'est comme ça, on va faire l'examen, et si il y a un souci, je verrais bien. Bon. Je ne relève pas. Il me tarde que tout soit terminé. 

On commence l'examen. Je ne sais pas trop si c'est l'infirmière ou le médecin qui me met la sonde, mais c'est fait. 

On m'injecte un produit. Ca me brûle. J'ai mal. L'infirmière me demande de me retenir.  
Je lui dis que je n'y arrive pas. Que ça brûle. 
Le médecin me dis qu'il n'a jamais vu un patient qui n'arrivait pas à se retenir 30 secondes. 
Je stresse, j'ai besoin d'aller aux toilettes. 
Je me sens sale. Je me sens nulle de ne pas arriver à faire ce que l'on me dis.

L'infirmière fait vite le cliché. Je lui dis que je ne peux plus me retenir du tout. Elle me donne le bassin. 

A mon grand soulagement, l'examen est terminé. 

Quelques semaines plus tard, ma néphrologue et moi recevons le compte-rendu de l'examen. 
Entres-autres, il y est noté : L'examen n'a pas pu être réalisé dans des conditions convenables, la patiente a été réfractaire pendant l'examen et a refusé de réaliser un ECBU.


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1 commentaire:

  1. C'est tellement énorme que cela semble ireelle ... Tant de violence... Vous parliez lors d'un précédent post de "capital de douleur ", je crois qu'il existe aussi un " capital de maltraitance hospitalière ".

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