5 février 2016

Bonjour Madame, je suis le médecin et je vais m'occuper de vous.


Nous sommes en Aout 2014.

Pour ceux qui suivent le blog, oui, j'aime bien faire des trucs en Aout ou fin décembre lorsque le personnel est réduit :) 

Je souffre depuis quelques jours d'un panaris.


Mon néphrologue préféré m'a prescrit des antibiotiques.

Ceux-ci ne font pas effet. Je souffre beaucoup.
Peut-être est-ce parce que j'ai travaillé hier toute la journée et qu'avoir le pied enfermé dans les chaussures n'a pas aidé. 

Le mercredi matin, vers 8h, je téléphone au Dr V. pour lui dire que les antibiotiques ne semblent pas faire effet et que j'ai de la fièvre. 

Il me dis gentiment qu'il ne peut plus rien faire pour moi et que je dois me rendre aux urgences.

Bon, je deteste y aller, mais j'ai très mal, je ne peut pas rester comme ça. 

Me voici aux urgences. J'explique à l'infirmière d'accueil mon souci.
Je sens bien que de bon matin, s'occuper d'un panaris ce n'est pas très ragoutant. 

Elle m'oriente vers une salle d'attente dans le service et va voir ses collègues.
Elle leur dit "Un panaris de bon matin, vous en rêviez hein?" . 
Lorsqu'elle reviens du côté de l'accueil et qu'elle passe devant moi pour s'y rendre, je me retient de lui dire qu'un panaris ça ne rend pas sourd. 

Mais j'ai mal, je suis fatiguée, je dors très mal, la journée d'hier au travail a été très éprouvante.En résumé, je ne suis pas assez en forme pour râler :) 

Après 1h d'attente, on me met dans un box. Je suis soulagée de pouvoir m'allonger. 

L'infirmière me prend les constantes.

On tape à la porte du box.
La personne entre et me dit: Bonjour Madame,  je suis le médecin et je vais m'occuper de vous.
C'est un jeune médecin. 

Elle me prescrit une radiographie. Elle est faite très rapidement. 

Le jeune médecin reviens dans la salle et me dis qu'il faut faire une incision au niveau de l'orteil infecté pour nettoyer la partie infectée. 

Je lui dis que je ne suis pas capable de vivre ça.
Je la sens décontenancée, elle ne dois pas s'attendre à ce qu'on lui dise ce genre de choses.

Sur le moment, je n'étais vraiment pas capable de vivre ça. 

Elle tente de me rassurer en me disant qu'on va tout faire pour que je n'ai pas mal.
Elle me propose du MEOPA (gaz hilarant) pour que ça se passe mieux.

Elle me dis qu'elle reviens rapidement. 

Je suis anxieuse. C'est la première fois qu'on me fais ce genre de choses, aux urgences qui plus est. 

10 minutes après, elle reviens avec le gaz et un élève infirmier pour l'administration du MEOPA. 

Elle s'habille et prépare le nécessaire pour la petite intervention.

Elle explique à l'élève le principe du MEOPA et lui donne les conseils élémentaires.

Je lui explique que j'en ai eu souvent l'année dernière, et que je gère à ma manière.
 J'enlève le masque quand je sens que c'est trop et je le remets quand je sens que j'en ai besoin.

Je sent qu'elle me fais confiance à ce sujet, ça me rassure un petit peu.

Elle me met un champ sur le pied et me donne le masque.

Elle me dis de lui dire quand je suis prête. Pendant quelques minutes, je respire le gaz magique. 
Je lui dis que c'est bon, je me sens bien.

Elle m'administre un anesthésique local sous l'orteil et sous le pied. Ca me fais très mal. 

Je prends de bonnes bouffées de MEOPA. Je sens que ça me fais du bien et que ça me soulage un peu.

Le médecin me dis que pendant quelques minutes on ne fais rien, le temps que l'anesthésie fasse effet. Elle me dis que si je veux arrêter le gaz je peut, mais que je peut aussi le continuer. 

Je ne l'enlève pas totalement. J'ai eu très mal et j'ai peur maintenant. 

Elle sens que j'angoisse.
Elle maintient le lien et me demande ou je travaille, ce que je fais dans la vie, ce que j'aime. 

Je lui réponds. 

Elle me dis qu'on va continuer maintenant. Je remets le masque.

Elle me trifouille. J'ai mal. Je lui dis. Elle me dis de bien prendre le MEOPA et de rester calme. 

Au bout de quelques minutes de trifouillage, je sens que j'ai moins mal. L'anesthésie doit faire effet maintenant.

Je garde le masque mais je le plaque moins, c'est supportable.

Elle me dis que c'est bientôt fini et que maintenant ça ne me fera plus mal. Elle me dis gentiment que je peut enlever le MEOPA. 

Je l'enlève. 

On entend toquer à la porte. Je suis un peu groggy, encore un peu sous l'effet du gaz.

2 personnes entrent.
Une personne se présente comme l'interne du service et l'autre comme le médecin gérant le service.

Je suis déconfite. Ca dois se voir. 

Je me demande intérieurement qui a fait l'opération?

Je pose ouvertement la question à la personne qui a fait l'intervention.

La personne qui m'a opéré me dis: je suis en fait l'externe du service.

Je lui dis gentiment qu'elle aurait pu me le dire et me demander si elle pouvais faire l'intervention. 

J'ajoute: Enfin bon, tout s'est bien passé, c'est l'essentiel. 

Je sens le malaise dans le box. L'externe finit son pansement. 

Le médecin lui demande si elle a bien gratté et si tout s'est bien passé.  Elle lui répond que oui.

Ils sortent du box. 

Je suis seule. Je suis désabusée.  Je me sens trompée.

Quel dommage alors que tout s'était si bien passé..


Bonjour, je suis le médecin et je vais m'occuper de vous. 

Pour aller plus loin sur le statut des étudiants en médecine ou pharmacie, l'excellent article de  @HygieSuperBowl.



6 commentaires:

  1. Cela me parait très léger ! J'ai eu un panaris au pouce il y a quelques années... Après m'être fait jeter d'un hôpital ("ce n'est pas assez mûr" !)le lendemain, dans une clinique (" c'est trop mûr" !) Opération sous anesthésie générale et le dernier du jour pour ne pas risquer d'infecter le bloc ! Alors, inciser au détour d'une salle landa à vif par un interne... léger ! !

    RépondreSupprimer
  2. Les internes qui se présentent comme des médecins, un classique! J'en ai encore fait les frais la semaine dernière: en fin de dialyse je suspecte un début d'infection au niveau du point de ponction, je demande à être examinée par un médecin et on m'envoie un jeune inconnu qui se présente comme le DOCTEUR G. Devant ma surprise de voir cette nouvelle tête (je connais tout le monde ici), il me dit être un nouveau MEDECIN du service. Pourquoi pas, après tout. Il examine ma fistule qui est légèrement gonflée, chaude, un peu dure et surtout au niveau de laquelle je ressens un picotement anormal. Il tâte, regarde la chose sous toutes ses coutures et finit par en conclure, d'un air décidé, que "cette fistule semble en pleine forme!"
    Ah?! Bon... Je hasarde une question qui se voulait légère pour savoir si elle "semble" juste en pleine forme ou bien si elle l'"est" aussi, ce qui serait quand même préférable tant qu'à faire vu ma propension aux infections et ma mauvaise réponse aux antibios... Il n'a pas apprécié la boutade. On me prend la température: 37,5°C rien d'anormal pour lui, sauf qu'en regardant mon dossier il devrait s'apercevoir que je finis toujours la dialyse limite en hypothermie aux alentours de 35,5°C. J'ose le lui faire remarquer, ça lui plait encore moins. Il aurait pu me dire qu'en plus de ses diplômes il avait un doctorat en susceptibilité...
    Bref, sur ses indications on me laisse rentrer chez moi sans approfondir la question. L'après-midi passe, le soir la gêne est toujours là mais j'essaie de faire abstraction un bon moment. Vers 3h du matin je réalise que j'ai terriblement froid, plus que d'habitude, que je ne me suis en fait pas réchauffée depuis la dialyse. Le point de ponction n'est pas beau à voir non plus, il me semble décidément plus dur. Je décide de prendre ma température: 40,3°C...!! O.O
    La suite, je vous laisse l'imaginer...
    Lors de mon hospitalisation la nuit-même je m'entendrai lire par le médecin de garde que "l'examen effectué la veille à l'issu de la dialyse par Monsieur G., INTERNE en médecine, n'avait rien révélé de suspect"...

    RépondreSupprimer
  3. Les internes sont des médecins. Ils ne sont pas docteur mais pratiquent la médecine. Galatée, elle, a été opérée par...une externe, donc quelqu'un qui est au mieux, en 5ème année de médecine, je crois.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Là où je vis, en Italie, il n'y a pas de distinction entre les internes et les externes: ils ont tous le statut de "tirocinante" (=stagiaire) avec des niveaux d'études différents. Jusqu'à la fin de leur "tirocinio" ce sont des étudiants, pas des médecins. Je ne sais donc pas en quelle année était ce praticien, une chose est sûre il n'était pas médecin.
      Je sais qu'en France les internes sont des médecins, il n'en reste pas moins que le minimum serait d'informer le patient de son statut d'interne avant d'intervenir ou de poser un diagnostic et d'avoir l'humilité de demander un avis complémentaire dans les cas délicats.

      Supprimer
  4. Je ne connais que les CHU de l'AP-HP et les présentations ont toujours été claires et le système de badges de couleurs aussi (orange pour les externes et rouge pour les internes et docteurs, avec précision du statut), fort heureusement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Heureusement il y a aussi des structures qui fonctionnent correctement, et c'est bien de le dire! :)

      Supprimer

L'article vous a interpellé? Laissez un commentaire :)