Nous sommes courant 2013.
Je passe des moments difficiles.
J'ai des difficultés professionnelles suite à la réussite d'un concours de la fonction publique et ma 1° affectation. Je le vis très mal.
Dans le même temps, ma Fistule Artério Veineuse s'infecte beaucoup. Je suis en uniponcture.
Je stresse, c'est plus fort que moi. Je ne connais que trop ce sentiment.
J'ai peur d'avoir mal, comme j'ai peur, je vais avoir mal.
La dimension psychologique liée à la douleur est à mon avis très grande, en tout cas, pour moi.
Je crois que nous avons un capital douleur. Lorsque celui-ci déborde, la moindre douleur devient très anxiogène.
J'en parle au Dr V. , il vois bien que c'est actuellement insurmontable vu le contexte dans lequel je suis.
L'endroit ou je dialyse teste actuellement les ponctions et pose de cathéter sous MEOPA.
Je connais le MEOPA pour l'avoir eu pendant mes biopsies et lors de la pose d'un cathéter jugulaire.
J'accepte.
Le surlendemain, on m'attribue une infirmière formée à l'administration du gaz. J'ai toujours très peur malgré la pré-médication via un anxiolytique et le MEOPA.
On me pose le masque. Quelques minutes et ça y est, je suis un peu ailleurs.
J'entends et je comprends ce qu'on me dis, mais les sons sont différent. Ils sont plus sourds, plus aériens, un peu mystiques même.
Je vis les choses différemment, je sais qu'un acte médical est en train de se passer, mais je suis détachée du souci comme si je le vivais dans un rêve.
L'aiguille est posée. Je suis encore un peu dans les vapes. Tout s'est bien passé.
J'ai souvenir d'avoir senti l'aiguille mais je n'en ai pas un mauvais souvenir.
Le Dr V. prescrit le MEOPA sur les autres dialyses le temps que j'ai moins peur et que je ressente moins de douleurs.
Cette nouvelle est mal accueillie par les infirmiers de dialyse.
C'est une logistique particulière, tout le personnel n'est pas formé et surtout surtout, les préjugés sont très présents : Une ponction de dialyse ça ne fais pas mal, elle est douillette, etc).
Le sur-lendemain, je me présente à la dialyse. Lorsqu'arrive pour le branchement, le MEOPA n'est pas prêt.
J'en fais part à l'infirmière qui tente de me convaincre de piquer sans MEOPA.
Je dois donner mes arguments, finalement, je suis piquée avec le gaz sans trop de mal. Je pense que les infirmiers ressentent bien mon angoisse.
Les prochaines dialyses seront aussi compliquées.
Un espèce de challenge s'est crée autour des infirmières: Qui arrivera à piquer Galatee sans gaz ?
Il y aura des arguments plus ou moins "valables" et plus rigolos du genre: Allez, Galatee, dis oui, je serais la gagnante".
Ca me faisais vraiment du mal. En faisant cela, on niait ma douleur comme si elle n'avait pas lieu d'être. On me faisait bien sentir que ce n'était qu'une ponction. Or, ce n'était pas que cela.
C'était une douleur supplémentaire dans l'océan de douleurs que j'ai déjà dû affronter dans ma vie de patiente chronique.
C'est pénible de devoir débattre d'une prescription médicale.
Si le Dr V. m'avait prescrit par ex "du paracétamol" il n'y aurait eu aucune discussion à ce sujet.
Au bout de quelques semaines, le rituel du MEOPA est devenue une habitude pour l'équipe soignante, c'est plus facile pour tous le monde et surtout pour moi. Avant que j'arrive, les aides-soignants font l'installation du MEOPA. L'infirmier est conditionné et moi, ça me rassure en arrivant de voir que tout est prêt.
Je sens que je stresse moins, que je ressent moins le besoin du MEOPA. Il arrive que l'on pique sans.
Je digère mes mésaventures professionnelles et je suis un peu plus confiante pour l'avenir.
Les ponctions se passent mieux.
On arrive maintenant à piquer sans gaz. Je n'ai pas ou peu mal lors des ponctions.
En tout cas, j'arrive à gérer la peur de la douleur et la douleur. Pendant quelques mois tout va bien.
Et un jour, sans crier gare, j'ai de nouveau très mal lors des ponctions. Je n'ai pourtant plus peur.
J'ai mal, seulement mal.
Stupéfaction de l'équipe et du Dr V.. On fais plusieurs échographies pour tenter de déceler un éventuel problème.
Tout va pourtant bien médicalement parlant sur la Fistule.
Je souffre lors des ponctions pendant encore quelques mois.
C'est également une épreuve pour l'infirmier. J'ai un stress communicatif.
Le Dr V. propose de remettre le MEOPA, je refuse, c'est trop compliqué et il faut avancer.
Un jour, Sandrine s'apprête à me brancher.
Comme d'habitude, on discute de tout et de rien. Je m'entends bien avec cette infirmière. Elle est cash et franche. Je n'aime pas toujours ça. Avec elle oui. Il y a des choses qui ne s'expliquent pas.
Tout à coup, elle me dis "Et si tu te piquais?"
To Be Continued....
Pour en savoir plus sur la prise en charge de la douleur des ponctions lors d'une hémodialyse.
La douleur lors des ponctions de la fistule
L'infirmier face à la douleur en dialyse
Gestion de la douleur en dialyse et confort du patient
Douleur à la ponction de la fistule artério-veineuse en hémodialyse
Apport de l'hypnose dans un service de cialyse
Cet article fera l'objet d'une discussion sur Twitter avec des internes en médecine sur le tabou du MEOPA dans les services adultes.
— Galatee (@Galatee) 21 Janvier 2016
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Bonsoir, respect pour ce que vous avez vécu et pour ce que vous vivez actuellement. Je comprend bien cette tension et cette impression de ne pas être entendu par les infirmières. Mon épouse attend en effet une greffe du foie suite à une hépatite auto immune. Si cela vous intéresse, j'en parle dans mon blog http://dondevies.blogspot.com Pour info, j'aime beaucoup votre blog. Je pense à vous !
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